- JOSUÉ (LIVRE DE)
- JOSUÉ (LIVRE DE)JOSUÉ LIVRE DEJosué (en hébreu:Yeho -Shua , «Yahvé est salut»; mot dont une forme tardive abrégée donne Yeshua , qui, grécisé, deviendra Iêsous , «Jésus») est, dans l’histoire biblique, le successeur de Moïse à la tête du peuple d’Israël, qu’il fit entrer en Palestine. Le Livre de Josué est, dans le canon juif, le premier des livres des «prophètes» (nebiim ): avec les livres des Juges, de Samuel et des Rois, il constitue la collection des «premiers prophètes», Isaïe, Jérémie, Ézéchiel et les Douze (petits prophètes) étant les «derniers prophètes».Le livre comprend deux parties, introduites par un prologue (chap. I: promesse faite à Josué de la conquête de la Terre promise, à la condition qu’Israël demeure fidèle à la Loi) et prolongées par un épilogue (XXII, 1-XXIV, 28: départ des tribus transjordaniennes; derniers discours de Josué et grande assemblée de Sichem) et des appendices (XXIV, 29-33). Sa première partie retrace la conquête de Canaan par les Israélites (II-XII): les espions sauvés par Rahab, la prostituée de Jéricho (II); le passage du Jourdain, selon le rituel d’une fête liturgique (III-IV); la circoncision des conquérants comme signe de l’alliance et la célébration de la Pâque (V, 1-12); la prise de Jéricho et celle de Aï (V, 13-VIII, 29); la promulgation solennelle de la Loi, entre les monts Ebal et le Garizim, et le pacte avec les gens de Gabaon (VIII, 30-IX, 27); le miracle du «soleil arrêté» et la conquête du sud du pays (X); la victoire sur le Nord (XI); une récapitulation des victoires (XII). La seconde partie évoque le partage de Canaan (XIII-XXI) entre les tribus transjordaniennes (XIII) et cisjordaniennes (XIV-XIX); il est intéressant de noter que, dans son récit de la répartition du territoire entre les tribus du Nord, Josèphe, dans ses Antiquités judaïques , au livre V, a introduit sa propre carte de la Galilée, bien plus vaste en vérité que la carte du Livre des Juges. Ces passages sont suivis par la liste des villes de refuge et des cités lévitiques (XX-XXI).La critique littéraire, d’une part, et les fouilles archéologiques, d’autre part (à Jéricho et Aï particulièrement), incitent aujourd’hui à prendre davantage au sérieux les souvenirs historiques du Livre de Josué. On a sensiblement vieilli, en effet, divers documents et traditions «deutéronomisés» par le rédacteur; de plus, on a pu identifier les localités mentionnées dans ce livre par la mise au jour de vestiges de la civilisation cananéenne et de traces des débuts de l’implantation israélite. Cependant, si, de l’avis presque unanime des critiques, le Livre de Josué est de rédaction deutéronomiste, il faut admettre — et ici les opinions des spécialistes divergent — qu’il est la compilation de sources anciennes, dont les raccords sont çà et là apparents. Il est certain qu’à la mort de Josué (en \JOSUÉ (LIVRE DE) 1200 env.) la Palestine était loin d’être conquise, comme d’ailleurs le Livre des Juges le laisse suffisamment entendre; et Israël n’y occupait que des régions montagneuses. Ce n’est que deux siècles plus tard que les Israélites deviennent les maîtres du pays. Mais les compilateurs ou rédacteurs deutéronomistes ont fait de Josué le chef d’un peuple unifié qui aurait conquis le pays très rapidement. Leur visée se résume dans ce verset:«Tous ces rois [de Canaan] avec leur territoire, Josué s’en empara dans une seule expédition, parce que Yahvé, le Dieu d’Israël, combattait pour Israël» (X, 42). Les antiques traditions recueillies dans le Livre de Josué considèrent que la terre occupée par Israël appartenait à Dieu seul («Yahvé n’a-t-il pas mis entre nous et vous, fils de Ruben et fils de Gad, une limite qui est le Jourdain? Vous n’avez aucune part sur Yahvé...», XXII, 25). Comme à chaque étape de l’histoire d’Israël, c’est sur un seul homme, résumant tout le peuple en sa personne et en sa mission, que repose le dessein divin. Cette idée est déjà très élaborée dans le Livre de Josué et le nom de celui-ci, dans son étymologie, exprime bien son programme.
Encyclopédie Universelle. 2012.